L'impact du stress sur les Maladies Inflammatoires Chroniques de l'Intestin (MICI)
- julietteberlemont
- 22 oct. 2024
- 3 min de lecture

En 2023, en France, les Maladies Inflammatoires Chroniques de l'Intestin (MICI) touchaient environ 300000 personnes, avec une répartition de 60 % pour la maladie de Crohn et 40 % pour la rectocolite hémorragique. Fait notable, 55 % des personnes concernées sont des femmes. La prévalence de la maladie de Crohn ne cesse d’augmenter au fil des ans, contrairement à la rectocolite hémorragique, qui tend à se stabiliser. Ces maladies touchent également des populations de plus en plus jeunes.
Ces statistiques révèlent l’importance croissante des MICI dans la société actuelle. Plusieurs facteurs de risque jouent un rôle dans l’apparition de ces maladies, parmi lesquels trois principaux que nous aborderons dans cet article, en mettant particulièrement l'accent sur l'un d'entre eux : le stress. En effet, le stress est devenu omniprésent dans notre environnement moderne et pourrait bien avoir un impact significatif sur l’évolution des MICI.
Qu'est ce que les MICI ?
Les MICI sont des maladies inflammatoires qui affectent les parois du tube digestif. La maladie de Crohn peut toucher tout le tube digestif, tandis que la rectocolite hémorragique se limite au côlon et au rectum. Ces pathologies évoluent par poussées, avec des périodes de rémission, mais les symptômes peuvent inclure des douleurs abdominales, des diarrhées et une fatigue intense. Malheureusement, il n'existe pas de traitement curatif à ce jour, mais les soins médicaux et diététiques peuvent aider à contrôler les symptômes et améliorer la qualité de vie des patients.
Le stress, un facteur déclencheur et aggravant
Le stress est désormais reconnu comme un facteur majeur dans la rechute des MICI. Des études ont montré que les patients en rémission signalent moins d’événements de vie stressants que ceux en phase active. En effet, il peut déclencher une série de réactions physiologiques qui aggravent l'inflammation intestinale. Par exemple, le stress perturbe la flore intestinale et la perméabilité des parois de l’intestin, augmentant ainsi l’inflammation et les symptômes digestifs.
Pour les personnes atteintes de la maladie de Crohn, le stress à un impact encore plus important sur la santé mentale, émotionnelle et physique. Certains individus peuvent même devenir obsédés par le stress et avoir peur d'une nouvelle apparition de nouveaux symptômes. Ce qui peut enclencher une nouvelle poussée de la maladie, engendrer plus de stress et créer un cercle vicieux.
Du fait de ce cercle vicieux, mais aussi pour d'autres raisons, les MICI peuvent engendrer diverses complications :
– Complications aiguës : syndrome occlusif, abcès, péritonite, appendicite aiguë, hémorragie digestive, abcès ano-
périnéale..
– Complications chroniques : obstruction intestinale (syndrome de Koenig), fistules, abcès intra-abdominaux,
dénutrition, malabsorption, anémie inflammatoire et/ou carentielle...
Pour éviter tous types de complications, des moyens de prévention et de prise en charge peuvent être établis.
Le rôle du cerveau et de l'intestin
L’intestin est souvent désigné comme notre "deuxième cerveau" en raison de son lien étroit avec le système nerveux. Lorsque chez une personne, le stress persiste, le cerveau active des réponses nerveuses et hormonales pouvant amener par exemple au ralentissement du transit intestinal, modifier la population bactérienne, augmenter la production d'hormones du stress comme la corticolibérine (CRF)… Ce mécanisme contribue à l’aggravation des symptômes des MICI.
De plus, les intestins et le cerveau sont connectés par le système nerveux autonome, qui inclut deux branches : le système sympathique (activé en situation de stresse) et le système parasympathique (activé en situation de détente). L’intestin produit environ 95 % de la sérotonine, souvent appelée « hormone du bien-être », qui joue un rôle clé dans la communication entre le cerveau et les intestins via le nerf vague par le système parasympathique. En cas de stress, le système parasympathique, qui favorise normalement le bon fonctionnement digestif, est inhibé. Cela perturbe la digestion et le système de défense immunitaire, augmentant ainsi les réactions inflammatoires et provoquant des douleurs abdominales.
Gérer le stress pour diminuer les MICI
Pour minimiser l'impact du stress sur les MICI, plusieurs approches peuvent être adoptées :
Activité physique régulière : L'exercice physique aide à réduire le stress et améliore la fonction digestive. L'OMS recommande 150 minutes d’activité modérée par semaine.
Thérapies cognitives et comportementales : Ces thérapies aident les patients à mieux gérer leur anxiété en travaillant sur leurs comportements et leurs pensées.
Sophrologie : Des techniques comme la sophrologie peuvent réduire les tensions et aider les patients à se détendre, améliorant ainsi leur qualité de vie.
Techniques de relaxation : respiration, méditation, écouter de la musique, la lecture...
Pour conclure
Bien que le stress ne soit pas la cause des MICI, il joue un rôle crucial dans l'aggravation des symptômes. Une approche pluridisciplinaire combinant gestion du stress, activité physique et soutien psychologique peut considérablement améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de MICI. En comprenant mieux ces mécanismes, il est possible de briser le cercle vicieux du stress et des poussées inflammatoires.
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